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Médias, réseaux sociaux et liberté d’expression

La liberté d’expression est un droit fondamental en France. Elle est aujourd’hui encore sujette à de nombreux débats, concernant sa place dans les publications des médias et des réseaux sociaux. C’est une notion difficile à définir car ses contours sont flous et très subjectifs. Ainsi, les différents médias la perçoivent et l’interprètent différemment. Mais quelle que soit leur ligne éditoriale, les médias défendent et vivent de la liberté d’expression. Les réseaux sociaux ont quant à eux bousculé les codes de communication et d’information. Une question demeure : jusqu’où la liberté d’expression peut-elle aller ?

La liberté de presse est reconnue et acceptée de tous les journaux. Mais alors comment se fait-il que certains journaux ne publient pas la même chose sur le même sujet ? Comment font-ils leurs choix, comment établissent-ils leurs priorités ? Les journalistes ont-ils tous la même liberté ? Les journaux ont tous un parti pris, voire pour certains une idéologie. L’objectivité pure n’existe pas. Les articles ne seront donc pas rédigés de la même manière bien qu’ils soient sur le même sujet. A partir des mêmes faits, des mêmes évènements, le lecteur ne retrouvera pas dans tous les journaux la même « une ».

Le journal Charlie Hebdo a par exemple une ligne éditoriale claire : faire rire tout en critiquant par l’intermédiaire de dessins satiriques. Tous les sujets sont abordés ; les religions mais aussi la politique, les personnalités publiques ou encore certaines institutions. Certains dessins font polémique, notamment lorsque des représentants religieux sont dessinés. La liberté d’expression s’applique également aux religions. A Charlie Hebdo, la laïcité s’exerce par le droit de se moquer de tout, y compris des religions. C’est l’axe de leur ligne éditoriale. Les attentats de 2015 ont directement touché la rédaction de ce journal, et cela de manière douloureuse. Cependant, leur point de vue sur la laïcité n’a pas changé : continuer de parler des religions est essentiel à la liberté d’expression.

Pour d’autres journaux, tels que La Croix, la liberté d’expression est un droit fondamental qui se met en œuvre différemment. Au vu de leur ligne éditoriale et de l’histoire du journal, une caricature sur une autre religion pourrait y être interprétée différemment que dans un autre média. Certains journalistes se sont exprimés sur ce sujet après les attentats de 2015. Ils sont tous solidaires du drame vécu et du combat pour la liberté d’expression. Ils ouvrent également le débat : lorsqu’un article ou un dessin « blesse profondément les partisans des religions », quelle position tenir ? Il s’agit pour chaque journaliste de s’interroger sur les liens entre liberté d’expression et respect des droits de l’homme, et cela, quel que soit le sujet.

Le risque pour tous les journalistes, particulièrement après l’assassinat de journalistes, est qu’ils ne publient pas leurs écrits par auto-censure. Cette pratique vise à se limiter par peur de la réaction des lecteurs. A cause des attentats, même si la liberté d’expression est garantie en France, exprimer librement ses propos peut être effrayant.  Des journalistes sont assassinés ou emprisonnés dans le monde entier, tout simplement parce qu’ils font leur travail d’enquête et d’information du public. Alors quelles répercussions ? Quelles conséquences ? L’auto-censure s’appuie sur nos peurs mais elle peut conduire à limiter nos libertés.   

Difficile de voir de l’auto-censure sur les principaux lieux d’échanges actuels : les réseaux sociaux. Les gens ont maintenant de nombreux réseaux pour s’exprimer et ils le font sur un grand nombre de sujets. Mais il s’agit de différencier information et opinion, mais la confusion entre les deux règnent. Sur les réseaux sociaux, tout le monde a le pouvoir de publier ce qu’il souhaite. Cependant, cela n’empêche pas de réfléchir avant de divulguer quelque chose sur internet. Si ces propos sont injurieux, si ce sont des fakes news, des incitations à la violence ou encore des propos haineux, ils peuvent se voir censurés par les administrateurs et dans certains cas, les auteurs peuvent être poursuivis. En effet, sur les réseaux sociaux, l’anonymat est impossible. L’utilisation d’un pseudonyme n’est pas un problème pour la justice, qui peut identifier les auteurs grâce à leur adresse IP. Les réseaux sociaux restent des espaces publics d’expression où chacun est responsable de ce qu’il publie. Chacun a le droit d’exprimer son opinion ou son point de vue sur une idée ou une situation. La pratique des réseaux sociaux révèle en creux l’importance du travail des journalistes : investigation, vérification des informations, analyse des propos et du contexte, hiérarchisation des informations, etc.

La liberté d’expression, bien qu’elle ait une place importante en France, est un sujet délicat, qui s’exerce à petite échelle (les réseaux sociaux) ainsi qu’à grande échelle (les médias). Toute publication entraîne des conséquences et communique une information qui, parfois, peut ne pas convenir à certains. La liberté d’expression à des limites claires établies par la loi française. Tout dépend donc de l’utilisation que nous en faisons…

Pauline Tessier et Luna Sitruk