L’interview de Madame Wion
Adjointe en pastorale scolaire dans notre établissement, Mme Wion accompagne la cheffe d’établissement dans un projet global confié par l’évêque de notre diocèse. Profondément attachée à l’enseignement catholique, elle a d’abord travaillé en temps qu’animatrice de pastorale scolaire en collège. Après une formation à l’ISP (Institut supérieur de pédagogie), elle a poursuivi comme responsable de vie scolaire pendant 11 ans, après quoi elle s’est tournée vers le lycée où elle a travaillé un an en temps qu’adjointe du niveau seconde. Elle est adjointe en pastorale au lycée Teilhard de Chardin depuis maintenant 2 ans. Malgré le contexte sanitaire, elle est heureuse de travailler dans notre lycée.
Marie Dolo : Selon vous qu’est-ce que la laïcité ?
Mme Wion : « La laïcité permet de définir la place de chacun dans la société. De plus, elle reconnaît la dimension spirituelle des personnes. La dimension spirituelle de chacun rejoint sa manière de faire partie, de s’engager et de vivre dans la société. La difficulté que l’on rencontre aujourd’hui, est que l’on ne reconnaît pas cette dimension comme faisant partie intégrante de la personne. Au risque d’aller à contre courant de ce que l’on entend aujourd’hui par laïcité, je pense qu’il est important de reconnaître la place de cette dimension plutôt que d’essayer de la gommer. »
Ayant une mission pastorale dans un lycée privé catholique sous contrat, comment arrivez-vous à combiner religion et laïcité ?
« Notre lycée assure une mission de service public, puisqu’il est lié à l’état. C’est d’ailleurs ce qui fait le creuset de l’enseignement catholique : il accueille les jeunes tels qu’ils sont avec leur histoire, leur culture et leur dimension spirituelle. Il vise à valoriser cette identité et ne la gomme pas.
Le mérite de l’enseignement catholique est de vivre un accueil très large, possible au nom de l’Évangile dont il a reçu un témoignage. Les élèves témoignent justement de leur facilité à vivre les uns avec les autres, avec des jeunes d’autres confessions, d’autres spiritualités : ce n’est pas quelque chose qui fait obstacle au vivre ensemble. Les élèves de l’enseignement catholique seront, adultes, plus enclins à vivre la mixité sociale et religieuse au sein de notre pays et de notre société.
Je pense que c’est justement une richesse, qui mérite sûrement d’être approfondie et encouragée, car cette façon plus ouverte de vivre la laïcité est déjà familière aux élèves. »
Comment vivez-vous ce mélange entre religion et laïcité ?
« Mon engagement en temps que catholique ne fait pas obstacle à la laïcité. Il est même facteur de lien parce que les catholiques sont justement invités à entrer en relation avec les autres. Ma foi me permet de reconnaître chacun et chacune dans ce qu’il est en tant que personne. »
Que diriez-vous à quelqu’un qui pense qu’un lycée catholique ne peut être laïc ?
« Je pense qu’ici, nous vivons une laïcité « ++ ». Chacun est vraiment reconnu dans ce qu’il est, on ne lui dit pas de laisser sa religion chez lui dès qu’il rentre au lycée. Chacun est bienvenu, qu’il soit croyant ou non et quelle que soit sa religion, parce que c’est très important de reconnaître la dimension spirituelle des uns et des autres. J’ai finalement envie de dire qu’on est un établissement super laïc ! »
Marie Dolo
Pour aller plus loin : Article L 442-1 Code de l’éducation
Dans les établissements privés qui ont passé un des contrats prévus aux articles L. 442-5 et L. 442-12, l’enseignement placé sous le régime du contrat est soumis au contrôle de l’État. L’établissement, tout en conservant son caractère propre, doit donner cet enseignement dans le respect total de la liberté de conscience. Tous les enfants sans distinction d’origine, d’opinion ou de croyance, y ont accès.
« L’école catholique propose à tous son projet éducatif spécifique et, ce faisant, elle accomplit dans la société un service d’intérêt général […] [11][11]Statut de l’Enseignement catholique en France, 2013, art. 13.. »
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